Oui, bonjour ? | ft. Lydwin

Les faibles rayons du soleil - aussi faible furent-ils en cette période hivernale - dessinant des chemins lumineux sur le parquet du petit salon où tu étais, tu ne pus t’empêcher de sourire en entendant les petits aboiements du chiot qui semblait heureux, se roulant sur le grand tapis blanc à tes pieds. Doucement, tu te levas du canapé avant de reposer les genoux sur le sol froid mais confortable, près de l’animal qui s’approcha et renifla les manches de ton gilet, essayant de les mordiller pour obtenir un peu d’attention - ou de nourriture. Tout en faisant attention aux gestes que tu faisais, tu essayais de ne pas trop le brusquer - il était adorable et joueur, mais ce chiot était également très peureux. D’un coup net et précis, tu réussis finalement à attacher la laisse au harnais de l’animal, avant de lui grattouiller les oreilles pour le rassurer. La bataille n’avait pas été si difficile, et tu étais enfin prête à sortir.

Inspirant profondément lorsque tu posas la main sur la poignée, tu soufflas avant de sortir finalement de ta chambre. Si tu étais si hésitante, c’est parce que tu avais passé le mois dernier enfermée chez toi, maudissant ton horoscope qui enchaînait les situations que tu pouvais qualifier de gênantes. Mais tu pouvais enfin sortir, laissant derrière toi cet ancien horoscope qui t’avait réduit au stade d’ermite. Oh, tu n’avais pas vraiment eu la bonne idée de vérifier celui qui allait te coller à la peau pendant les quelques semaines qui allaient suivre, mais tu croyais dur comme fer qu’il était clément, cette fois. Après tout, peut-on réellement faire pire que jouer l’aimant à bisou de tous les passants ? Probablement pas, ou du moins tu l’espérais.

Confiante, tu profitais de la période pouvant faire s’envoler toutes les personnes affrontant les tornades à l’extérieur pour marcher tranquillement dans les allées du Zodiaque. Le vent ne t’empêchait pas réellement de profiter de ta petite sortie, même si, par précaution, tu restais tout de même près des habitations. Tu ne craignais pas le fait que tu pouvais finir à l’autre bout du Zodiaque si le vent se levait, mais plus ton horoscope encore inconnu. Ah, tu n’avais pas vraiment envie qu’on s’approche encore trop près de toi, alors tu fuirais plus facilement si tu pouvais t’enfermer dans un habitant le plus vite possible, à la moindre alerte.

Heureusement pour toi, il y avait un petit parc à quelques minutes des chambres, et le faible nombre de personnes s’y trouvant ne pouvait que te réjouir. Tu pris place sur un banc solitaire, loin des morts qui se trouvaient sur l’herbe à festoyer, malgré le vent qui manquait de faire s’envoler une bonne partie de ce qui se trouvait sur leur grande couverture. La légère appréhension qui te nouait l’estomac avait disparu alors que tu pouvais enfin te détendre.

Sans oublier le chiot, tu retiras la laisse qui le maintenait prisonnier tout en l’observant alors qu’il se précipitait dans l’herbe ; définitivement prêt à se rouler dans le peu de boue qu’il pouvait trouver. Soufflant un peu, tu regrettas le peu de liberté qui allait suffire à ce monstre pour ruiner le sol de ta chambre qui allait être couverte d’empreintes boueuses. Haussant les épaules, tu finis par sourire. Ce n’était pas si grave.

Plongeant la main dans ton sac, tu sortis un livre que tu avais déjà lu, mais que tu prenais plaisir à relire à chaque fois que tu en avais l’occasion. Maintenant, tu espérais juste que ton horoscope n’avait rien à voir avec un potentiel incendie de livre, sait-on jamais ?

Balayant du regard les longues phrases formant ces paragraphes que tu connaissais par cœur depuis le temps, tu tentais de faire abstraction du chien aboyant pour te concentrer sur l’objet de ta lecture. Même si, effectivement, tu n’avais pratiquement plus besoin du support pour te remémorer chaque mot utilisé par l’auteur, tu aimais observer la calligraphie ancienne du texte en grec qui devait dater de quelques siècles et qui t’était familière.

Abandonnant une poignée de secondes le livre, tu observas rapidement le chiot pour t’assurer qu’il ne s’éloignait pas trop de ton banc, avant de finalement replonger dans cette histoire qui te plaisait tant. Machinalement, tu plongeas la main dans ton sac avant d’en sortir un petit paquet de biscuits fermé par un ruban que tu retiras à l’aveugle.

Engloutissant les biscuits un à un au fil des pages, tu finis par fermer temporairement le livre pour le poser à côté, et tu retiras les quelques miettes qui étaient tombées sur ton pantalon. Le vent, bien que doux pour l’instant, soufflait assez pour que tu remettes correctement ton écharpe en place et que tu souffles dans tes mains jointes pour les réchauffer du mieux que tu pouvais. Tu regrettais un peu de ne pas avoir pris de gants, mais ce n’était pas tant embêtant puisque tu n’allais probablement pas rester dans ce parc encore longtemps. Encore quelques chapitres, et tu allais rentrer dans ton petit appartement.

Tu avais repris ta lecture au moment où une silhouette rouge avait fait son apparition dans ton champ de vision. La tête toujours plongée dans le livre, tu avais choisi d’ignorer ce que tu pensais n’être qu’un passant. Ce n’est qu’au son de la voix de ladite silhouette rouge qui se tenait à présent devant toi que tu finis par réagir en relevant brusquement le menton. Un petit élan de panique avait paralysé ton corps ; tu revoyais encore le mois précédent où nombre d’inconnus s’étaient approchés un peu trop près et tu n’avais franchement pas envie que ton horoscope infernal se poursuive ce mois-ci.

Ah, tu étais même prête à partir et abandonner le chien, à courir pour ta vie et t’enfermer chez toi. Mais visiblement, tu n’allais pas être obligée de t’enfuir. La petite frayeur s’était visiblement envolée en constatant que, non, cette personne ne te collait pas encore. Peut-être que tu avais un horoscope plus clément ce mois-ci ?

« Que puis-je faire pour vous ? » avais-tu répondu, non sans essayer de maîtriser la tonalité encore aigue de ta voix et de reprendre contenance.

Le regard vacillant vers le manteau écarlate, tu écarquillas les yeux en voyant les quelques traces de boue en forme de patte de chien. Rapidement, tes yeux dévièrent vers l’animal plus loin qui semblait continuer de s’amuser dans la boue. Comprenant soudainement la situation, tu sortis un paquet de mouchoirs de ton sac avant de le tendre vers la pauvre victime de la malice du chien.

« Je suis vraiment désolée, ce chien est intenable. »

Avec un peu de chance, les traces allaient partir en frottant, hein ?